Les écoles n’ont pas besoin d’une nouvelle strate hiérarchique, elles ont besoin de collectif et de solidarité

lundi 18 mai 2020
par  Sud Education CA

Cécile RILHAC, députée LREM, revient à la charge sur la question de la direction d’école. En août 2018, elle avait co-rédigé un rapport parlementaire qui avait inspiré le projet des EPSF (établissement public des savoirs fondamentaux) présent dans la loi Blanquer dite « école de la confiance ». C’est la mobilisation du printemps 2019 qui a permis le retrait des EPSF de cette loi.

Avec cette nouvelle proposition de loi, c’est encore une foi la volonté de transformer les directrices et directeurs d’école en petit·es chef·fes qui revient. Une évolution qui, si elle se réalisait, mettrait en difficulté tous les personnels des écoles, sans régler les problèmes de surcharges administratives, en les soumettant davantage aux IEN et DASEN et en cassant le collectif de travail.

Des avancées pour la direction d’école ?

Soit, il est question :
• d’augmenter le nombre de décharges (temps complet à partir de 8 classes) mais avec derrière des missions non définies d’accompagnement des élèves, des collègues, de formations…
• d’augmenter les indemnités, tout en réaffirmant une distinction en fonction de la taille des écoles et donc une forme de hiérarchie entre collègues.
Rien n’est d’ailleurs prévu pour le financement de tous les postes nécessaires hormis une hausse de taxes sur le tabac. On peut donc légitimement penser que les points apparemment « positifs » ne se réaliseraient pas faute de moyens.

Allègement des tâches de directions ?

Et pour faire croire qu’on prend en compte la surcharge de travail des directeurs et directrices d’école, la proposition de loi prévoit la suppression des heures d’activités pédagogiques complémentaires (qui ne représentaient déjà quasi plus rien) et des élections de représentant·es de parents d’élèves s’il n’y a qu’une liste.
Pourquoi pas ? Mais il est aussi prévu que le directeur ou la directrice soit membre de droit du conseil école-collège. Voilà qui alourdira les tâches de direction tout en conférant des responsabilités supplémentaires au passage.
Autre point, les PPMS : la responsabilité du DASEN est bien affirmée mais celle des directeurs·trices aussi alors qu’à ce jour il y a un flou sur cette question qui permettait de dire qu’ils ou elles ne pouvaient être compétent·es sur un tel enjeu de sécurité.

Un renforcement de la hiérarchie, au détriment de tou·tes

Cette proposition fait semblant d’inventer la fonction de directeur·trice d’école pour la réécrire sans prendre le risque de passer par la création d’un statut qui connaît de vives oppositions. C’est une manière détournée d’affirmer une nouvelle strate hiérarchique.
Déjà, la proposition de loi prévoit un déroulement de carrière distinct. Cela créerait un avancement parallèle au sein d’un même corps.
Surtout, l’article 1er donne le pouvoir de décision aux directeurs·trices et renforce « en même temps » l’autorité du DASEN. Il vise donc à casser le fonctionnement collectif des conseils des maître·sses. Les adjoint.es auraient une nouvelle autorité présente au quotidien. Elle ne serait, certes, pas officiellement hiérarchique, mais avoir dans l’école un « relais du dasen » (donc du ministre) aurait des conséquences négatives sur les conditions de travail de chacun·e. De plus, cela placerait les directeurs·trices dans une position encore plus inconfortable qu’actuellement, entre le marteau et l’enclume, car ils et elles seraient seul.es à rendre des comptes.
La situation serait donc plus compliquée pour tou·tes face aux injonctions hiérarchiques. On reconnaît là la technique de management qui vise à faire croire à un partage du pouvoir pour mieux le renforcer.

Communiqué direction d’école proposition de loi

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